avec Mohammed Arif, Hashim Abdi Éth.–É.-U.–Qat. fict. vostf 2021 n&b 2h (cin. num.)
La légende éthiopienne veut que le khat, une feuille verte stimulante, ait été découvert par des imams soufis en quête d’éternité. Inspiré par ce mythe, Faya Dayi est un voyage spirituel dans les hauts plateaux de Harar, immergé dans les rituels du khat. Le khat que, pendant des siècles, les musulmans soufis ont mâché pour leurs méditations religieuses et qui est devenue la source de revenus la plus lucrative de l’Éthiopie. À travers le prisme du commerce du khat, Faya Dayi tisse une tapisserie d’histoires intimes de personnes prises entre la violence du gouvernement et la guerre civile. Les fantasmes induits par le khat et les voyages périlleux au-delà de leurs frontières offre une fenêtre sur les rêves de la jeunesse chassée par un régime répressif.
Grand Prix Visions du Réel 2021, Sundance film festival 2021
Jessica Beshir
Jessica Beshir est une scénariste, réalisatrice, productrice et directrice de la photographie mexico-éthiopienne basée à Brooklyn. Elle a fait ses débuts de réalisatrice avec son court métrage Hairat, qui a été présenté en première mondiale au Festival du film de Sundance 2017 (Criterion). Ses courts métrages, He Who Dances on Wood (PBS) et Heroin (Topic), ont été projetés dans des festivals et des musées du monde entier, notamment Hot Docs, IFFR, IDFA, Tribeca Film Festival, Eye Film Museum et MOMI New York, entre autres.
Beshir a eu l’honneur de recevoir des subventions du Sundance Film Institute, du Doha Film Institute et de la Jerome Foundation. Faya Dayi est le premier long métrage de Jessica.
avec Lydia Larini, Ahmed Belmoumane Alg.–Fr. fict. vostf 2021 coul. 1h45 (cin. num.)
Dans un petit village de l’Algérie profonde, à la suite d’une rumeur qui se répand à son sujet, Hadjer, une veuve qui élève seule son fils de 16 ans se voit obligée de quitter avec lui leur village et de partir à l’aventure dans la grande ville. Là, ils devront affronter les difficultés et les dangers d’un monde étranger et hostile…
Anis Djaad
Né à Alger en 1974, Anis Djaad découvre le cinéma comme stagiaire sur un premier long métrage algérien. En 1997, il devient journaliste au quotidien, «le Soir» et embrasse cette carrière pendant 14 ans dans plusieurs journaux nationaux. Depuis 2011, revenu au cinéma, il a signé 3 courts métrages « Le Hublot », « Passage à niveau » et « Le voyage de Keltoum » présentés et primés dans de multiples Festivals internationaux.
avec Maxamed Axmed Maxamed, Cabdiraxmaan Maxamed Som.–Aut.–All. fict. vostf 2020 n&b 25min (vidéo num.)
Deux hommes accroupis sur leurs lits, encore à moitié endormis. En entrant par une fente de la porte, le vent souffle dans leur maigre demeure. Au bout d’un moment, le jeune homme tend une pilule à l’aîné, ajoutant que c’est la dernière. C’est dans des tableaux concis comme celui-ci, capturés dans un noir et blanc enchanteur, que se déroule l’histoire d’une catastrophe quotidienne qui se déroule sur la côte somalienne.
Mo Harawe
Mo Harawe est né à Mogadiscio. Il découvre sa passion pour le cinéma grâce à une école d’art en Somalie. Depuis 2009, Mo Harawe est en Autriche où son parcours de cinéaste a commencé. Il a participé à de nombreux ateliers de cinéma et réalisé des courts métrages qui ont été présentés dans des festivals de films internationaux et ont remporté des prix.
En plus de cela, Mo Harawe travaille comme scénariste et a écrit plusieurs scénarios pour des longs métrages. Son scénario de long métrage To Mogadiscio qu’il a développé au DIVERSE GESCHICHTEN SCRIPT LAB a remporté le prix DOR FILM au festival Diagonale Film. en 2016. En 2019, Muhamed Harawe a remporté le BKA Startstipendium pour son nouveau long métrage Le village à côté du paradis qu’il développe actuellement.
1734 km sur le fleuve Congo, une incroyable épopée pour réclamer justice.
Sola, Modogo, Mama Kashinde, Papa Sylvain, Bozi, Président Lemalema… font partie de l’Association des victimes de la Guerre des Six Jours de Kisangani. Depuis vingt ans, ils se battent pour la mémoire de ce conflit et demandent réparation pour les préjudices subis. Excédés par l’indifférence des institutions à leur égard, ils décident de se rendre à Kinshasa pour faire entendre leurs voix.
Sélection officielle, Festival de Cannes 2020
Dieudo Hamadi
Dieudo Hamadi est né à Kisangani (République démocratique du Congo) en 1984. Il commence à étudier la médecine puis se forme au documentaire et au montage à Kinshasa et à la FEMIS à Paris. En 2009, Dames en attente, son premier court‐métrage documentaire, est sélectionné dans les festivals internationaux (Forum à la Berlinale, IDFA Amsterdam, TIFF Toronto) et obtient la bourse Pierre et Yolande Perrault au Cinéma du Réel à Paris.
Il réalise ensuite 4 longs‐métrages documentaires qui forment un témoignage exceptionnel de la réalité congolaise contemporaine. En filmant les élections (Atalaku, 2013), le système scolaire (Examen d’état, 2014), la violence contre les femmes et les enfants (Maman Colonelle, 2017) et la mobilisation politique (Kinshasa Makambo, 2018), Dieudo Hamadi raconte des histoires individuelles qui parlent d’expériences et d’histoires collectives. En 2015, il crée sa propre société de production, Kiripifilms. En 2019, il reçoit la bourse McMillan‐Stewart in Distinguished Filmmaking du Film Study Center de l’Université de Harvard. En route pour le milliard est son premier film à sortir en salles de cinéma.
Alors qu’elle va retrouver son père, une femme fait le point sur sa vie. Sur son trajet, le pays lui semble vide et lentement, des souvenirs de ses vies passées lui reviennent… Est-ce la réalité ? Est-ce seulement un rêve ?
Wally Fall
Wally Fall est réalisateur, scénariste et producteur sénégalo-martiniquais. Après avoir fait ses armes en réalisant de nombreux clips musicaux et en travaillant sur des émissions TV (montage ou caméra), il réalise ses premiers films qui questionnent les notions d’identité, de frontières et d’appartenance….
En 2015, il réalise et produit Ceew mi – L’Horizon, son long métrage documentaire, autour de la politique et de l’identité, après un premier Court-métrage de fiction, Parachute Doré(Golden Parachute), en 2014 avec dans les rôles principaux Malika Kadri, Anyès Noel, Laurent Mazingue, Komivi « Nëggus » Ihou, Marie-Annick Gane, Alix Houdayer, Alassane Doumbia, Dominique Dorothée, Margo Sene, etc.
Présentée par Dominique Taffin (Directrice de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage) et les cinéastes Wally Fall (Fouyé Zetwal), Mathieu Glissant (Brûlé neige), Michelange Quay (L’évangile du cochon créole).
Louise est entraînée dans le monde étrange de son père, en Martinique, lorsque celui-ci décide, après une vision enneigée, de la pousser à reprendre ses champs malades.
Pris dans l’atmosphère magique et pesante des « mornes » du Nord de l’île, leur héritage, comme dans un conte, prend l’allure d’une succession princière…
Mathieu Glissant
Doctorant en esthétique du cinéma à la Sorbonne, Mathieu a enseigné le cinéma aux étudiants de licence ainsi que la philosophie aux lycéens. Ayant toujours voulu fabriquer des films, il a par ailleurs co-réalisé un documentaire pour France 5, avant de pouvoir filmer sa première fiction : Brûlé Neige.
Présentée par Dominique Taffin (Directrice de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage) et les cinéastes Wally Fall (Fouyé Zetwal), Mathieu Glissant (Brûlé neige), Michelange Quay (L’évangile du cochon créole).
Video of eye_trailer_exhibition_william_kentridge_ten_drawings_for_projection_2019
EnglishFrançais
A film by William Kentridge
South Africa, animation, no dialogue, 1989-2020, colour and B&W
In 2015, the South African artist William Kentridge donated 10 Drawings for Projection (1989-2011) to the Eye Filmmuseum. These ten short animation films marked Kentridge’s breakthrough on the international art scene. Illuminating the eventful history of South Africa, these films will be shown at Eye this summer as part of a larger installation. Also included in the exhibition is the film installation O Sentimental Machine (2015), featuring historical footage of Russian revolutionist Leon Trotsky. The exhibition takes place during the Holland Festival, for which William Kentridge is Associate Artist.
The generous donation followed the exhibition William Kentridge – If We Ever Get to Heaven at Eye in the summer of 2015. The artist was impressed by the quality of that presentation and the richness of the Eye collection. As a gesture of appreciation, he decided to donate all works from the series 10 Drawings for Projection to the museum
Total program duration: 80 min 35 s
CITY DEEP, 9 ’40 min — 2020
OTHER FACES, 9 min — 2010 Image William Kentridge Musique Philip Miller Montage Catherine Meyburgh Source William Kentridge A crossed-out Soho Eckstein moves between reality and contradictory memories. In Johannesburg, every street corner is the scene of a daily civil war.
TIDE TABLE, 9 min — 2003 Image William Kentridge Musique Franco et le T.P. O.K. Jazz Montage Catherine Meyburgh Son Wilbert Schübel Source William Kentridge We find an aging Soho Eckstein on Muizenberg beach, drifting back to his childhood memories.
STEREOSCOPE, 8 min — 1999 Image William Kentridge Musique Philip Miller Montage Catherine Meyburgh Son Wilbert Schübel Source William Kentridge
Kentridge uses stereoscopic vision as a metaphor for a split personality, to explore Soho’s inner conflicts
WEIGHING AND WANTING, 6 min — 1998 Image William Kentridge Musique Philip Miller Montage Angus Gibson, Catherine Meyburgh Son Wilbert Schübel Source William Kentridge A stone represents Soho’s conscience – allegorized by a stone – split between business and private life.
HISTORY ON THE MAIN COMPLAINT, 6 min — 1996 Image :William Kentridge Musique Claudio Monteverdi Montage Angus Gibson Son Wilbert Schübel Source William Kentridge Soho Eckstein lies comatose in a hospital bed. While examining him, Felix enters the lair where Soho’s memories and guilt are buried…
FELIX IN EXILE, 8’43 min — 1994 Image William Kentridge Musique Philip Miller, Motsumi Makhene Montage Angus Gibson Son Wilbert Schübel Source William Kentridge Soho Eckstein and his wife are reunited. Felix is alone in a hotel room, the cell of his exile…
SOBRIETY OBESITY AND GROWING OLD, 8 min — 1991 Image William Kentridge Musique Antonin Dvorák, Friedrich von Flotow Monateg Angus Gibson Source William Kentridge A love triangle forms between Soho Eckstein, his wife and Felix Teitelbaum. Meanwhile, Johannesburg fills up with demonstrators…
MINE, 5’50 min — 1991 Image William Kentridge Musique Antonin Dvorák Montage Angus Gibson Production Free Filmmakers Co-operative Source William Kentridge Soho Eckstein’s routine and that of his miners during their day underground.
MONUMENT,3 min — 1990 Image William Kentridge Musique Edward Jordan Montage Angus Gibson Son Catherine Meyburgh Production Free Filmmakers Co-operative Source William Kentridge Soho Eckstein, as a « benefactor », donated a monument to the city: a sculpture of an oppressed worker, chained to his pedestal.
JOHANNESBURG, 2ND GREATEST CITY AFTER PARIS, 8’02 min — 1989 Image William Kentridge Musique Duke Ellington, South Kaserne Choir Montage Angus Gibson Son Warwick Sony Production Free Filmmakers Co-operative Source William Kentridge The film introduces the series’ protagonists: Soho Eckstein, a cynical industrial magnate, and his alter ego, Felix Teitelbaum, a romantic poet.
Biography
William Kentridge (born Johannesburg, South Africa, 1955) is internationally acclaimed for his drawings, films, theatre and opera productions.
His method combines drawing, writing, film, performance, music, theatre, and collaborative practices to create works of art that are grounded in politics, science, literature and history, yet maintaining a space for contradiction and uncertainty.
Kentridge’s work has been seen in museums and galleries around the world since the 1990s, including the Museum of Modern Art in New York, the Albertina Museum in Vienna, Musée du Louvre in Paris, Whitechapel Gallery in London, Louisiana Museum in Copenhagen, the Reina Sofia museum in Madrid, the Kunstmuseum in Basel, Zeitz MOCAA and the Norval Foundation in Cape Town and the Royal Academy of Arts in London. He has participated a number of times in Documenta in Kassel (2012, 2002,1997) and the Venice Biennale (2015, 2013, 2005, 1999 and 1993).
Opera productions include Mozart’s The Magic Flute, Shostakovich’s The Nose, and Alban Berg’s operas Lulu and Wozzeck, and have been seen at opera houses including the Metropolitan Opera in New York, La Scala in Milan, English National Opera in London, Opera de Lyon, Amsterdam opera, the Sydney Opera House and the Salzburg Festival.
Kentridge’s theatrical productions, performed in theatres and at festivals across the globe include Refuse the Hour, Winterreise, Paper Music, The Head & the Load, Ursonate and Waiting for the Sibyl and in collaboration with the Handspring Puppet Company, Ubu & the Truth Commission, Faustus in Africa!, Il Ritorno d’Ulisse, and Woyzeck on the Highveld.
In 2016 Kentridge founded the Centre for Less Good Idea in Johannesburg: a space for responsive thinking and making through experimental, collaborative and cross-disciplinary arts practices. The centre hosts an ongoing programme of workshops, public performances, and mentorship activities.
Kentridge is the recipient of honorary doctorates from several universities including Yale, London University and Columbia University. In 2010, he received the Kyoto Prize. In 2012, he was awarded the Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres in France and he presented the Charles Eliot Norton Lectures at Harvard University. In 2015 he was appointed an Honorary Academician of the Royal Academy in London. In 2017, he received the Princesa de Asturias Award for the arts, and in 2018, the Antonio Feltrinelli International Prize. In 2019 he received the Praemium Imperiale award in painting in Tokyo. In 2021 he was made a Foreign Associate Member to the French Académie des Beaux Arts, Paris. In 2022 he was presented the Honour of the Order of the Star of Italy and in 2023 he received the Olivier Award for Outstanding Achievement in Opera for Sibyl in London.
His work can be found in the collections of Art Gallery of Western Australia (Perth), Art Institute of Chicago, Carnegie Museum of Art (New York), San Diego Museum of Art, Fondation Cartier (Paris), Zetiz MoCAA (Cape Town), Norval Foundation (Cape Town), LACMA (Los Angeles), Haus der Kunst (Munich), Sharjah Art Foundation, Mudam (Luxembourg), Musée d’Art Contemporain de Montreal, MoMA (New York), SF MoMA (San Francisco), Castello di Rivoli (Turin), Moderna Museet, Stockholm, MoCA (Los Angeles), Stedelijk Museum (Amsterdam), National Gallery of Victoria (Melbourne), Johannesburg Art Gallery, MAXXI (Rome), Louisiana Museum (Humlebaek,Denmark), National Gallery of Canada (Ottawa), National Museum of Modern Art (Kyoto), Israel Museum (Jerusalem), Inhotim Museum (Brumadinho, Brazil), Broad Art Foundation, Los Angeles, Centre Pompidou (Paris), Fondation Louis Vuitton (Paris), National Gallery of Australia (Canberra), Tate Modern (London), Sifang Art Museum (Nanjing), Kunsthalle Mannheim, Vehbi Koç Foundation (Istanbul), Luma Foundation (Arles), Museum of Fine Arts (Budapest), Fundaçion Sorigue (Lerida, Spain), Guggenheim (Abu Dhabi), Kunsthalle Praha (Prague) and Amorepacific Museum of Art (Seoul); as well as private collections worldwide.
En présence de Bénédicte Alliot (directrice de la Cité internationale des arts) et Gaspard Njock (auteur, illustrateur) → Débat modéré par Louisa Babari (artiste visuelle)
de William Kentridge
Afrique du Sud anim. sans dialogues 1989-2020 coul. et n&b 1h22 (vidéo num.)
En 2015, l’artiste sud-africain William Kentridge a fait don de 10 Drawings for Projection (1989-2011) au Eye Filmmuseum. Ces dix courts métrages d’animation ont marqué la percée de Kentridge sur la scène artistique internationale. Ce sont désormais 11 dessins pour projection – avec le tout dernier City Deep (2020) – qui constituent cet éblouissant programme du maître Sud-africain.
1 – JOHANNESBURG, 2ND GREATEST CITY AFTER PARIS (1989 – 8min) 2 – MONUMENT (1990 – 3min) 3 – MINE (1990 – 6 min) 4 – SOBRIETY OBESITY AND GROWING OLD (1990 – 8min) 5 – FELIX IN EXILE (1994 – 9min) 6 – HISTORY ON THE MAIN COMPLAINT (1996 – 6min) 7- WEIGHING … AND WANTING (1998 – 6min) 8 – STEREOSCOPE (1999 – 8min) 9 – TIDE TABLE (2003 – 9min) 10 – OTHER FACES (2011 – 9min) 11- CITY DEEP (2020 – 10min)
Né à Johannesburgh en 1955, William Kentridge a d’abord suivi des études de sciences politiques avant de se tourner vers l’art.
Connu essentiellement pour ses films d’animation composés de dessins au fusain, cet artiste travaille aussi la gravure, le collage, la sculpture, la performance et l’opéra. Associant le politique et le poétique, William Kentridge entreprend dans son oeuvre graphique, comme dans ses installations et ses films, de dénoncer l’apartheid et le colonialisme :
« Je pratique un art politique, c’est-à-dire ambigu, contradictoire, inachevé, orienté vers des fins précises : un art d’un optimisme mesuré, qui refuse le nihilisme ».
William Kentridge
Cinq thèmes s’articule autour des grands thèmes qui ont mobilisé Kentridge depuis les trente dernières années, au travers d’une importante sélection de ses oeuvres de la fin des années 1980 jusqu’à nos jours. Mettant l’accent sur ses productions les plus récentes comme Learning from the Absurd : The Nose (2008), l’exposition révèle, pour la première fois en France, le très large éventail de son oeuvre.
Sa méthode combine le dessin, l’écriture, le cinéma, la performance, la musique, le théâtre et les pratiques collaboratives pour créer des œuvres d’art qui s’appuient sur la politique, la science, la littérature et l’histoire, tout en maintenant un espace de contradiction et d’incertitude.
Depuis les années 1990, les œuvres de Kentridge ont été exposées dans des musées et des galeries du monde entier, notamment au Museum of Modern Art à New York, le musée Albertina à Vienne, le musée du Louvre à Paris, la Whitechapel Gallery à Londres, le Louisiana Museum à Copenhague, le musée Reina Sofia à Madrid, le Kunstmuseum de Bâle et Zeitz MOCAA et la Norval Foundation au Cap. Il a participé à plusieurs reprises à la Documenta de Kassel (2012, 2002, 1997) et à la Biennale de Venise (2015, 2013, 2005, 1999). (2015, 2013, 2005, 1999 et 1993).
Parmi ses productions d’opéra, citons La Flûte enchantée de Mozart, Le Nez de Chostakovitch, et les opéras Lulu et Wozzeck d’Alban Berg. Elles ont été vues dans des maisons d’opéra telles que le Metropolitan Opera de New York, La Scala de Milan, l’English National Opera de Londres, l’Opéra de Lyon, l’Opéra d’Amsterdam, l’Opéra de Sydney et le Festival de Salzbourg. Opera House et le festival de Salzbourg.
Les productions théâtrales de Kentridge, présentées dans des théâtres et des festivals du monde entier, comprennent Refuse the Hour, Winterreise, Paper Music, The Head & the Load, Ursonate et Waiting for the Sibyl et, en collaboration avec la Handspring Puppet Company, Ubu & the Truth Commission, Faustus in Africa !, Il Ritorno d’Ulisse et Woyzeck on the Highveld.
En 2016, Kentridge a fondé le Centre for the Less Good Idea à Johannesburg : un espace de réflexion et de réalisation par le biais de pratiques artistiques expérimentales, collaboratives et transdisciplinaires. Le centre accueille un programme continu d’ateliers, de performances publiques et d’activités de mentorat.
Kentridge est titulaire de doctorats honorifiques de plusieurs universités, dont Yale et l’Université de Londres. En 2010, il a reçu le prix de Kyoto. En 2012, il a présenté les Charles Eliot Norton Lectures à l’université de Harvard. En 2015, il a été nommé académicien honoraire de la Royal Academy de Londres. En 2017, il a reçu le prix Princesa de Asturias pour les arts, et en 2018, le prix international Antonio Feltrinelli. En 2019, il a reçu le prix Praemium Imperiale en peinture à Tokyo. En 2021, il a été élu membre associé étranger de l’Académie des Beaux-Arts française.
Ses œuvres se trouvent dans les collections de l’Art Gallery of Western Australia (Perth), de l’Art Institute of Chicago, Carnegie Museum of Art (New York), San Diego Museum of Art, Fondation Cartier (Paris), Zetiz MoCAA (Cape Town), Norval Foundation (Cape Town), LACMA (Los Angeles), Haus der Kunst (Munich), Sharjah Art Foundation, Mudam (Luxembourg), Musée d’Art Contemporain de Montréal, MoMA (New York), SF MoMA (San Francisco), Castello di Rivoli (Turin), Moderna Museet, Stockholm, MoCA (Los Angeles), Stedelijk Museum (Amsterdam), National Gallery of Victoria (Melbourne), Johannesburg Art Gallery, MAXXI (Rome), Louisiana Museum (Humlebaek,Danemark), Galerie nationale du Canada (Ottawa), National Musée d’Art Moderne (Kyoto), Musée d’Israël (Jérusalem), Musée Inhotim (Brumadinho, Brésil), Broad Art Foundation, Los Angeles, Centre Pompidou (Paris), Fondation Louis Vuitton (Paris), Galerie nationale d’Australie (Canberra), Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa). d’Australie (Canberra), Tate Modern (Londres), Sifang Art Museum (Nanjing), Kunsthalle Mannheim, Fondation Vehbi Koç (Istanbul), Fondation Luma (Arles), Musée des Beaux-Arts (Budapest), Fundaçion Sorigue (Lerida, Espagne). Sorigue (Lerida, Espagne), Guggenheim (Abu Dhabi), Kunsthalle Praha (Prague) et Amorepacific Museum of Art (Séoul). d’art (Séoul), ainsi que des collections privées dans le monde entier.
La mélancolie dessinée
Léa Bismuth (critique d’art et commissaire d’exposition)
William Kentridge est né en 1955 à Johannesbourg en Afrique du Sud, pays qu’il prendra comme point de départ de son œuvre et dont il stigmatisera avec distance et poésie la politique d’apartheid. Son œuvre, multiple, crée des passerelles entre différentes pratiques artistiques : dessin, animation, musique, création de fiction, mise en scène et bien sûr cinéma se mêlent pour une démarche protéiforme, sans cesse en mouvement, toute en esquisse.
L’artiste s’est d’abord fait connaître avec la série Ten Drawings for Projection (Dix Dessins pour projection), suite de dix films qu’il commence à réaliser à la fin des années 1980. Tout est déjà dans ce titre : il ne s’agit pas strictement de cinéma d’animation, mais d’un savant mélange entre un dessin inaugural et sa mise en mouvement par le biais d’un projecteur de cinéma. Ces courts films — dont aucun ne dépasse les 10 minutes — sont comme des poèmes visuels qui prendraient vie. Ils mettent en scène des personnages récurrents qui vont servir de fil directeur et narratif. Ainsi Soho Eckstein incarne la figure du capitalisme triomphant et dominant : sorte d’ogre dictatorial à la tête d’un empire immobilier et financier ; il s’oppose au frêle Felix Teitelbaum, modeste poète qui est un être à l’écoute du monde et de l’amour, une sorte de double de l’artiste. Kentridge fait ici le portrait de son pays, de l’horreur de l’apartheid (aboli en 1991) et des conséquences de cette politique colonialiste sur le devenir des peuples. Mais l’artiste souligne bien qu’il ne veut pas pour autant être un « politicien » : il cherche plutôt à trouver le lien entre un engagement politique et une pratique solitaire dans l’atelier. Et la méthode d’animation qu’il va faire sienne témoigne d’une volonté de rendre compte d’un monde en mouvement, capable du meilleur comme du pire. Fidèle à la technique d’animation image par image (stop motion, à raison de 25 images par seconde), Kentridge décrit d’abord, par le dessin, ce qu’il appelle une « géographie » : à l’aide de photographies qui lui servent de modèle, il pose les bases visuelles du décor dans lequel il va faire évoluer ses personnages. Il réalise un premier dessin au fusain, à l’origine du processus d’animation. Puis le long travail d’animation commence, consistant en des phases successives de gommage, d’effacement, de transformation et d’ajouts de dessins. Kentridge décrit son art comme volontairement physique, engagé dans la matérialité du papier.
La série des Ten Drawings for Projection est fondamentalement nostalgique et émotionnelle en ce qu’elle réactive notamment les techniques primitives du cinéma. On pense à la caméra des frères Lumière, au son de la bobine qui défile dans les projecteurs, aux tourne-disques qui grésillent et laissent échapper quelques airs de jazz ; le fantôme de Jean-Luc Godard et ses Histoire(s) du cinéma n’est jamais bien loin non plus. Prenant pour modèle les codes du cinéma muet, Kentridge place dans sa narration des « cartons » à l’écriture maladroite, qui font avancer l’action. Au fil des films, la fiction se noue autour d’un triangle amoureux ayant pour acteurs Felix, Mrs. Eckstein et son mari, le puissant Soho : David et Goliath luttent pour la femme aimée. C’est en dessinant l’amour que Kentridge est le plus virtuose. Dans Sobriety Obesity & Growing Old (1991), l’amour est une immersion, une immense vague capable de balayer les empires. Le bleu de l’océan ne rivalise alors qu’avec un autre élément liquide que l’artiste représente avec brio : le rouge du sang de la révolution qui creuse des sillons. Dans certains films, l’artiste élargit la portée politique de son geste ; il ne se contente pas de dépeindre la réalité de l’Afrique du Sud, mais semble nous amener sur d’autres terrains monstrueux, ceux des baraquements des camps de concentration, vers une violence outrageante et sans borne. Dans History of the Main Complaint (1996), Soho — dont le corps est réduit à une mécanique absurde entre téléphone et tiroir-caisse — se souvient de ses exactions de bureaucrate : il incarne alors toute la culpabilité à l’œuvre dans des livres de comptes réduisant chaque être à un numéro, la folie meurtrière, le viol, l’état de guerre permanent qui fait de chaque homme une bête. L’humanité n’est plus qu’un troupeau de vaches qu’on mène à l’abattoir. La seule chose qui peut la sauver du néant reste la douceur d’une caresse.
Pour Kentridge, l’animation est en soi une forme politique, une interface, une sorte de membrane permettant de donner vie à ce qui se joue entre les aspirations subjectives de l’individu et son rapport au monde extérieur. Dès lors, toutes les traces et les effets de flou sont un moyen de révéler l’élan vers le monde, de faire respirer sa mémoire, dans sa dimension transitoire et changeante. Le monde est mouvant comme les images d’un film. Encore Journey to the Moon (2003) est tout naturellement un hommage au cinéma de Georges Méliès, à son Voyage dans la Lune (1902) et au modèle de la lanterne magique. Kentridge puise chez Méliès une poésie pré-surréaliste qui lui permet de redécouvrir le cinéma dans ses potentialités imaginatives. Faisant à son tour fusionner les mondes, mêlant rêve et réalité, il y apparaît comme un maître de cérémonie lisant dans le marc de café, magicien parfois maladroit, créateur de mondes fourmillants qui ne sont pas sans rappeler Un chien andalou de Luis Buñuel. La trajectoire dynamique d’une cafetière italienne emmène le spectateur droit dans les étoiles et les constellations. Kentridge délaisse ici son alter ego Felix pour se mettre réellement en scène, à travers la double présence du dessin animé et de l’image filmée.
Plus que jamais, il fait ici son autoportrait en cinéaste, en homme qui marche à l’envers, en créateur de fantasmes. Comme dans un miroir déformant, il nous renvoie une image du monde qui n’est pas tout à fait la vraie, mais saura nous obliger à voir le monde autrement.